
Je me posais la question de savoir si l'évangile du jour est un évangile de Carême ? Et si oui, en quoi ?
Si je rappelle que le carême est un temps dédié à la conversion, et que le jeûne est un moyen d’orienter tout son être vers Dieu, une démarche de libération intérieure, de conversion, de solidarité et d’élévation spirituelle pour mieux accueillir l’œuvre de Dieu en nous, pour nous recentrer sur lui et sur les autres, la réponse est évidente ! Oui, cet évangile, et la première lecture du jour qui va avec, sont bien des textes de carême.
Jésus, en réponse à ceux qui demandent un signe, évoque deux « individus » : Jonas et la Reine de Saba. Ce sont tous deux de beaux exemples de conversion, de recherche spirituelle authentique.
On pourrait dire en effet qu’il y a une sorte de dimension spirituelle dans le voyage de la Reine de Saba. Son attitude initiale semble plutôt celle d’une souveraine puissante et sceptique qui veut mettre Salomon à l’épreuve, mais son long voyage montre une quête de vérité. Elle veut constater par elle-même la réputation de sagesse de ce roi. C’est une démarche active. L’humilité vient après : une fois confrontée à la sagesse de Salomon, elle reconnaît qu’elle avait sous-estimé la réalité (1 Rois 10, 6-7). Elle loue alors Dieu pour avoir donné à Israël un roi aussi sage. (1 Rois 10, 9). La Reine de Saba fait en quelque sorte preuve d’une capacité à reconnaître une vérité supérieure, ce qui est une forme d’humilité intellectuelle et spirituelle. Elle renonce à sa propre suffisance pour s’ouvrir à quelque chose de plus élevé. C’est sans doute en partie pour cela que Jésus la donne en exemple ici.
Jonas, petit prophète, présente aussi un modèle de conversion - d’un autre genre. Il fuit d’abord sa mission, puis se convertit après moulte péripéties, accepte son rôle et va guider les Ninivites vers leur propre conversion…
Il y a une particularité sur laquelle je voudrais attirer votre attention; c'est la première lecture qui nous en parle. Quand Jonas annonce la destruction imminente de la ville, les habitants de Ninive, y compris le roi, réagissent, se convertissent, se vêtissent de sacs et annoncent « un jeûne public ». C’était certes un peu intéressé, mais j’en retiens ceci : la conversion et le jeûne collectif. Le peuple et le roi. La transformation personnelle de Jonas, amène un changement dans la communauté, un changement de la communauté. Le signe de Jonas devient ainsi (aussi) un symbole de l’appel à la conversion collective. C’est cela qui m'intéresse : la conversion collective, le désir collectif/communautaire de se tourner vers Dieu. Deux textes de carême abordant la question communautaire !
Je n’irai pas plus loin et je vous envoie en prolongement quelques questions. Jésus nous montre que la conversion personnelle et collective est possible pour un authentique chemin de carême. Comment envisageons-nous concrètement notre carême ? Comment est notre jeûne ? A la Jonas ou à la Reine de Saba ? Est-il collectif ? Ou simplement individuel ? Quelle est pour nous l’importance de la démarche communautaire sur le chemin de Pâques, cette attente de la rencontre avec le Christ ressuscité ? Comment la vivons-nous ?
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