La plus belle lapalissade de l'écriture (Mc 3, 22-30)
- Isabelle Halleux
- 23 janv. 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 févr. 2024
Dans l’évangile de Marc (Mc 3, 29), il est écrit : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. ». Dans Matthieu (Mt 12, 32) : « Si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné ni en ce monde, ni dans le monde à venir ». Dans Luc (Lc 12, 10) : « A celui qui blasphème contre l’Esprit Saint, il ne sera pas pardonné ». Simple, clair, pas de « si », pas d’insistance sur la culpabilité, ni sur le « partout » et « pour toujours » !
Ce verset est difficile, il a été et est toujours sujet à controverse. Ce n’est pas d’abord une question de jugement du blasphème par les hommes, l’église ou la loi - rappelons-nous les tensions récentes suite à des écrits, des dessins, des déclarations jugées blasphématoires - : c’est une question à régler entre celui qui blasphème et Dieu lui-même. En face à face.
« Celui qui blasphème ». Le texte grec de Luc utilise une tournure plutôt rare [1] dans les synoptiques que l’on peut traduire par « celui qui blasphème » mais aussi « celui a blasphémé » ou « celui qui est blasphémant ». Cela qualifie en quelque sorte un état dans lequel on est et dont on ne sort pas, de rejet permanent de la grâce et de la miséricorde de Dieu. Si tu es dans un état d’esprit tel que ton cœur s’endurcit, que tu rejettes ou que tu méprises l’Esprit de Dieu en toi, que tu dis que « Dieu n’est rien » (Ps 9b, 3-4), tu te sépares inexorablement de lui, tu t’exclus toi-même du pardon et tu ne peux être pardonné. Ce verset est la plus belle lapalissade des écritures !
« Un péché pour toujours » qui « ne sera pas pardonné ». Irrémissible à un moment donné, soit, mais Je crois sincèrement que la rédemption est toujours possible, et pour tout le monde ! Même pour les péchés réputés les plus graves, comme celui contre l’esprit. Rémissible quand l’état d’esprit a changé. Tu te « retournes », tu cherches à suivre le Christ, à vivre en Dieu, sincèrement. Dieu t’accueille ! Il se réjouit même, car il t’attendait. Il te donne sa paix.
Pour méditer un peu plus loin en silence : Quels sont nos dos tournés à Dieu et à ses représentants dans nos communautés ? Quelles sont nos parties de cœur endurcis ? Nos rejets de l’Amour ? Nos ruptures avec le chemin montré par Jésus ? Comment établissons/rétablissons-nous la relation à Dieu ? Comment s’exprime notre fidélité ?
[1] un participe aoriste : le mot choisi pour « blasphème » peut être utilisé comme verbe ou comme adjectif.
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