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Commencer par s'asseoir (Lc 14, 25-33)


Mon fauteuil à réfléchir
Mon fauteuil à réfléchir - remarquez qu'il ne manque pas de piquant

6/11/2024 - Lectures du jour : (Ph 2, 12-18) – Ps 26 – (Lc 14, 25-33)

 

De grandes foules faisaient route avec Jésus, qui, se retournant, leur assène quelques phrases pour le moins « raides » :

  • On ne peut pas être son disciple sans le préférer à ses proches et à soi-même,

  • On ne peut pas être son disciple si on ne porte pas sa croix pour marcher à sa suite,

  • et on ne peut pas être son disciple si on ne renonce pas à tout ce qu’on possède.


Ce sont des « et », pas des « ou ». C'est fameusement exigeant ! Cela représente une série de ruptures indispensables, que l’on peut comprendre comme un nécessaire renoncement à tout ce qui peut empêcher d’être totalement disponible à Dieu, d’accueillir et de partager profondément la manière de vivre et de penser de Jésus. Et certain.e.s osent s'y lancer…Woaw !

 

Je voudrais vous partager 3 réflexions concernant cet Evangile :

 

  1. Luc s’adressait aux gens de son époque, les chrétiens des premiers temps qui avaient fait un choix radical en décidant de suivre le Christ. « Le jeune juif devenu chrétien avait sans doute été rejeté par sa propre famille comme un hérétique. Le jeune païen avait dû rompre, non seulement avec sa famille, mais avec tout son environnement social et culturel. Et ces ruptures étaient sans doute très douloureuses. Elles pouvaient entraîner non seulement un rejet de la part de l’entourage, mais parfois la ruine, et parfois la mort. »[1] Il n’était donc pas inutile de rappeler que suivre le Christ c’est une rupture avec tout son environnement. On peut comprendre le ton utilisé pour dire à quel point c'est radical.


  2. La deuxième réflexion concerne l'inédit du texte lui-même. Là où Jésus disait plutôt l’urgence de le suivre - rappelons-nous l’appel des premiers disciples, Matthieu (Mt 9, 9-10) ou Philippe (Jn 1, 43) : « Suis-moi. L'homme se leva et le suivi. » -, Jésus cite ici deux exemples qui invitent à « commencer par s’asseoir » avant de s’embarquer dans la folie (?) de le suivre. Le bâtisseur de la tour est invité à s’asseoir et à réfléchir pour calculer s’il a les moyens de l’achever ; le roi est invité à s’asseoir pour réfléchir aux possibilités d’affronter l’adversaire ou de capituler dans la paix. Le disciple, le futur disciple est ainsi appelé à réfléchir à ses limites, à son engagement, à ce qu’il va bâtir, à ce à quoi il devra mourir aussi :  lâcher prise, être libre de toute possession et abandonner ses sécurités terrestres.


    Ce texte n’est donc pas seulement un appel à suivre le Christ mais aussi un appel au discernement. Pas d'urgence, pas de précipitation. Commence par t’asseoir… avant d’envisager la rupture/les ruptures. Pèse le pour et le contre. Fais sens avec ce que tu es. (Rappelons l’impact que ce choix peut avoir sur la personne, sa vie, sa vocation/son destin/son avenir, son entourage.)

    Aie confiance. (Rappelons aussi, comme le dit Paul aux Philippiens (Ph 2, 13) : « C'est Dieu qui agit pour produire en vous la volonté et l'action, selon son projet bienveillant. »)


  3. J’en viens à ma troisième réflexion. Les questions du discernement et du temps qu’on y consacre, avec les tensions que cela peut générer, se posent probablement à nous plus ou moins de la même manière qu’aux premiers chrétiens : retournement personnel, lâcher prise, renoncement total ou conciliation avec la vie choisie, acceptation du regard des autres, abandon à Dieu. Le choix de suivre le Christ est depuis toujours une vraie transformation personnelle.


    Je peux évoquer la vocation des religieux ou des prêtres - un choix radical -. Je peux évoquer aussi le fait que, alors que des centaines de gens demandent à être débaptisés, des centaines d’adultes de notre région, jeunes et moins jeunes, déclarent chaque année leur souhait de marcher à la suite du Christ et entrent en catéchuménat. Ils.elles vont commencer par s'asseoir et cheminer au moins une année liturgique avant de s’engager définitivement par le baptême. Pas par tradition, mais par confiance. Confiance en Dieu, en sa parole, en son royaume. Confiance en Jésus, en la transformation qu’il peut opérer en nous, en la vraie vie qu’il nous propose. N'est-ce pas ce dont parle cet évangile ? Ce qu'il ne dit pas, c'est que ces catéchumènes sont accompagnés, souvent par des gens qui ont aussi choisi de suivre Jésus et se sont engagés chacun à leur manière. Des signes d’espérance de notre temps...

 

En conclusion, voici un petit texte d'évangile qui fait s'asseoir pour réfléchir, qui rejoint notre expérience et qui ne vieillit pas...


 

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