L'hospitalité pleine et entière du maintenant (Lc 14, 15-24)

En résonance avec les lectures du 7 novembre 2023 : Rm 12, 5-16b et Lc 14, 15-24.

Dans l’évangile du jour, un homme invite « beaucoup de monde » à un grand souper mais tous, au dernier moment, se désistent parce qu’ils ont autre chose à faire. Le maître de maison demande à son serviteur de trouver d’autres convives, là, maintenant, tout de suite, pour remplir sa maison. Parce que ce maître a besoin de participants au banquet du Royaume. Pas de convives, pas de Royaume ! (Convivere – vivre ensemble). Pas de Royaume sans des personnes qui le partagent et le vivent ensemble !

Notre Dieu est un Dieu qui invite tous les hommes à participer en convives à son royaume. Il a besoin de monde à sa table.

Dans la lettre aux Romains, Paul, avec vigueur, invite les Romains à utiliser leurs dons et à les mettre au service des autres, chacun pour sa part, en complémentarité, sans goût des grandeurs, en veillant à « se laisser attirer par ce qui est humble » - la version anglaise internationale traduit « condescendre aux petites choses », ou « aux gens de moindre condition ».

Notre Dieu est un Dieu avec lequel on maintient une relation personnelle de confiance, reconnaissant les dons reçus et les mettant humblement au service des autres, en particulier les plus pauvres.

Ces deux lectures ont en commun un message sur la relation à Dieu : celle de Dieu avec tous les hommes, et celle des hommes ensemble, et chacun en particulier, avec Dieu.

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Je lisais ce week-end « La vie funambule », de Marion Müller-Colard [1] et quelques mots me sont sautés aux yeux, comme en écho à ces deux textes bibliques : « C’était le moment. L’hospitalité pleine et entière du maintenant… » [2]. Une sorte de forme revisitée de « Accueillir l’instant ». Avec deux mots qui me sont chers : « hospitalité », et « maintenant ». Ces mots ils ne sont pas nommés tels quels dans les lectures, mais ils y sont présents.

Hospitalité : Être hôte. Un merveilleux mot à double voie en français (« auto-antonyme ») pour dire « accueillir » et « être accueilli ». Etre invité accueilli au banquet - Etre convive au banquet.

Maintenant : Kaïros. A ce moment-ci, à l’instant. Oui, c’est ici, maintenant que cela se passe. Il est et se construit comme ça, le Royaume de Dieu.

L'hospitalité pleine et entière du moment, dans nos textes, c'est

• Être hôte du Seigneur qui invite à le rejoindre, ici, maintenant ;

• Être hôte du Seigneur dans l’intimité du moment, de l’instant. « Jésus est l’ambassadeur du maintenant dans nos vies », dit Marion Müller-Colard. « Ce qu’il appelle le Royaume, c’est le « maintenant ». Non pas le temps en longueur (durée) mais en profondeur ;

• Etre hôte et se tenir en Sa présence, à la source de LA vie, en acceptant de vivre et de rester dans cet instant

• Être hôte du Seigneur à travers la relation, l’amitié et la fraternité, en arrêtant le temps pour se déployer tout azimut, en utilisant ses dons au service de tous.

Maintenant, le Royaume.

Je vous propose de retenir cette belle expression pour soutenir votre méditation : « L’hospitalité pleine et entière du maintenant »

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Seigneur, toi qui nous invites maintenant au banquet de ton Royaume, fortifie notre envie d’être parmi tes convives. Donne-nous de nous ancrer davantage dans l’intimité de ta présence, de nous y arrêter pour t’y rencontrer en profondeur et déployer nos dons au service de nos frères et soeurs.

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[1] Marion Müller-Colard (2023) – La vie funambule, Bayard, Littérature intérieure, 78p. [2] ib.cit., p. 24