Le disciple aussi a son heure... (Jn 3, 36-38)

Pour commencer en musique, à l’invitation Prixm, je vous suggère d’écouter Le Reniement de Saint Pierre de Marc-Antoine Charpentier, par l’ensemble Marguerite Louise (2019).

Lectures de ce mardi saint 2024 : (Is 49, 1-6) – Ps 70 – (Jn 13, 21-33.36-38) 

La liturgie nous propose 3 textes qui nous parlent de la mission de proclamation de la Bonne Nouvelle de Dieu :

• « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 1-6)

• « Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut ; Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles. » (Ps 70)

• Et « le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois » (Jn 13, 21-33.36-38).

Cela peut vous paraître bizarre de parler du reniement de Pierre pour parler de mission. Et pourtant… cela l’a conduit à comprendre et pleinement assumer sa mission de disciple du Christ. Je vous en reparle après le chant des psaumes à notre Dieu, et la lecture de ces trois textes.

Méditation

Je me suis souvent demandé quel était l’état d’esprit des douze ce soir-là. Je vous l’ai déjà dit : j’aurais vous être une petite souris. La tension semblait au comble. Pour tous.

(voir mon commentaire de l'an dernier : J'aurais voulu être une petite souris)

Je vais m’arrêter cette fois au passage du dialogue de Pierre avec Jésus (Jn 13, 36-38)

« Là où je vais, vous ne pouvez pas aller », dit Jésus.

« Seigneur, où vas-tu ? », demande Pierre

Jésus répond : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. »

« Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! »

Et Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »

Lui, Pierre, l’impétueux, le fougueux, celui qui pose les questions, le disciple fidèle, le défenseur inconditionnel de Jésus, lui, Pierre se tait. Sans doute est-il contrit.

Il reprendra la parole après l’arrestation de Jésus, dans la cour du palais du grand prêtre, quand on l’interroge (Jn 18, 17.25.26) : « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? » « Est-ce que moi, je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? ». A quoi il répondra « Non ». Par trois fois. 

Que comprendre de tout cela, en ce début de Semaine sainte ?

Pierre suivait Jésus et l’aimait d’un amour sincère. Mais peut-être était-il encore dans un trip que l’on pourrait qualifier d’ « immature dans la foi ». Mais qui peut se dire mature dans la foi ?

« Là où je vais vous ne pouvez pas aller ». Evidemment : seule la mort de Jésus donne du sens… à Jésus et au salut par la croix ! Pierre ne peut pas encore le savoir, ou en tout cas l’expérimenter. Il ne peut pas faire cette expérience de foi. Pas encore.

« Tu me renieras ». Pierre devra passer par là pour faire un vrai chemin de conversion. Il devra attendre son heure à lui. Il lui faudra ce passage par la reconnaissance de sa faiblesse de disciple pour en vivre. Un peu de patience : bientôt la résurrection !

Je lisais ceci dans la Bible Annotée de Neuchâtel (BAN) : « Le disciple aussi a son heure ».

A Pierre, il lui faudra cette mort et cette résurrection pour arriver à son heure et vraiment comprendre la portée de l’amour de Dieu et de la justice divine. Pour être alors capable de proclamer la parole. Pour se mettre au service. Et pour mourir...

Demandons à Dieu de nous donner « notre heure » et de nous soutenir dans nos faiblesses humaines. Pour oser le suivre et proclamer la Bonne Nouvelle : celle que nous allons vivre en cette semaine sainte.

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Prière

Seigneur, notre Dieu, tu connais nos faiblesses et notre difficulté, parfois, d’affirmer notre foi et de prendre le risque de nous positionner à ta suite. Notre démarche pendant cette semaine sainte nous rappelle le salut que tu nous donnes par Jésus. Rends-nous présent.e.s à sa passion, dans l’espérance de la résurrection. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.