Libérés pour aimer (Dn 3 - Jn 8, 31-42)
- Isabelle Halleux
- il y a 1 jour
- 3 min de lecture

Lectures du jour : (Dn 3, 14-20, 91-92.95) – (Dn 3, 52-56) – (Jn 8, 31-42)
La première lecture a tout pour faire une super production hollywoodienne : il y a ce qu’il faut de pouvoir, de domination, de souffrance, d'intrigue... Le scénario ? Nabuchodonosor, roi de Babylone, impose à Sidrac, Misac et Abdénago [1] d’adorer la statue d’or qu’il a fait ériger. Les trois jeunes gens, fidèles à leur foi, refusent et s’en remettent à leur Dieu pour les délivrer, quoi qu’il arrive. Le roi ordonne de chauffer la fournaise 7 fois plus que d’habitude et d’y jeter les hommes au feu – une des morts les plus atroces d’après mon ami Philippe Boxho. La suite, vous la découvrirez en écoutant/lisant ce passage du chapitre 3 du livre de Daniel.
Dans l’Evangile, Jésus dit à des Juifs qui croient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous devenez vraiment mes disciples ; alors vous connaître la vérité, et la vérité vous rendra libres… »
C’est donc de liberté, trouvée dans l'amour et la fidélité à Dieu dont il s’agit aujourd'hui.
Méditation
L’attachement à Dieu libère.
Libère du péché.
Libère de la peur.
Libère de la mort.
C’est ce que croyaient simplement, profondément,
Sidrac, Misac et Abdénago.
Ils sont jetés dans la fournaise…
Mais ils n'y sont pas seuls :
Un quatrième marche avec eux.
Et le feu qui devait les consumer devient lieu de présence.
Lieu de lumière.
Lieu de salut.
Ils y marchent libres.
Libres d’aimer Dieu, quoi qu’il arrive.
Libres de ne pas céder à la peur.
Libres parce qu’ils n’appartiennent pas à Nabuchodonosor,
mais à Celui qui fait vivre.
Jésus parle d’une autre fournaise, plus discrète, plus cachée :
celle du péché.
Un feu intérieur qui déchire les liens avec Dieu,
avec les autres, avec soi-même.
Un feu qui isole, qui ronge doucement.
Pécher, c’est vivre coupé,
étranger à la source,
éloigné de la lumière.
Et Jésus parle de vérité.
« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. »
De quelle vérité s’agit-il ?
Pas d’un concept.
Pas d’une idée à débattre.
Mais une vérité intérieure qui se révèle doucement,
à celui qui cherche, qui écoute, qui se laisse regarder.
La vérité d’un Dieu qui aime.
Un Dieu qui m'aime.
La vérité de moi-même, tel que je suis, dans ce regard-là.
Le Carême est ce temps.
Ce temps où l’on accepte de s’approcher du feu,
pas pour en être brûlé,
mais pour y découvrir une présence.
Ce temps pour écouter en soi ses tensions, ses combats,
et deviner qu’une main est là, pour les apaiser.
Se laisser libérer, ce n’est pas seulement réaliser que Dieu agit.
C’est lâcher prise,
c'est accueillir ce qui se révèle,
c’est s’ouvrir à une vie nouvelle,
où je n’ai plus besoin de contrôler, de mériter, de me protéger.
Une vie où je peux aimer sans être retenu.
Aimer sans avoir peur de perdre.
Aimer sans m’attacher à moi-même.
Alors, dans ma propre fournaise,
je peux m’abandonner.
Et dans ce dépouillement, chanter.
Oui, chanter :
« Bénis sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères !
À toi, louange et gloire éternellement ! » [2]
[1] Ce sont les prénoms hébreux des trois jeunes gens. En grec, on les appelle Ananias, Azarias et Misaël.
[2] Les versets de (Dn 3 52-57) (AT40) sont un chant d’action de grâces qui jaillit du cœur des trois jeunes gens, pour remercier le Seigneur de les avoir protégés par un tel miracle. La suite (v. 57 à 88; AT41) est consacrée à la louange de Dieu dans la Création. On les chante chaque dimanche à Laudes.
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