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Ne crains pas (Mt 10, 17-22)

  • Photo du rédacteur: Isabelle Halleux
    Isabelle Halleux
  • 21 juin 2023
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 29 juil. 2023

C’est de persécution, de flagellation, de mauvais traitement, de souffrance, mais aussi de courage et de persévérance que nous parlent les écritures de ce 21 juin, jour de la Saint Aubain, le saint patron du diocèse de Namur : des extraits de la 2e lettre à Timothée (2Tim 2,8-13.3,10-12) et de l’évangile de Matthieu (Mt 10, 17-22).


Saint Aubain est originaire d’Afrique du Nord ou de Grèce, il arrive à Rome avec son évêque dans le courant du IVe siècle et doit fuir vers le Nord les ariens qui mettent à mort les chrétiens. Ils évangélisent la région de Mayence durant plusieurs années et finissent en martyrs.


Les Bollandistes racontent ainsi le martyre de Saint Aubain, qui eut lieu le 21 juin 404 : Il rencontra encore là l'hérésie arienne, et à ses perfidies il opposa le glaive de la Parole Divine. Doué d'un génie vif et ardent et d'une forte éloquence, il attaquait sans ménagement les hérétiques et les enlaçait dans les noeuds indissolubles de son argumentation. C'est par ce moyen qu'il excita leur colère et leur rage. Cette rage finit par éclater, et Aubain, saisi au milieu de ses frères, fut accablé de mauvais traitements. Mais, sans s'émouvoir de ces cruautés, il demeura ferme dans la foi catholique et immobile au milieu des insultes, comme un rocher au milieu des vagues irritées. Enfin, après avoir subi toutes sortes de mauvais traitements de la part d'une multitude insensée, il eut la tête tranchée hors de la ville. Une tradition constante rapporte que sa langue murmura encore les louanges de Jésus-Christ, après que sa tête fût détachée du tronc ; elle ajoute que le Martyr ramassa sa tête lui-même, et qu'il la porta d'un pas ferme jusqu'à l'endroit où il fut ensuite enseveli avec honneur.


Dans les églises orthodoxes de Moldavie roumaine, vous êtes émerveillés par les fresques superbes en couleurs et en graphisme qui couvrent tous les murs, les plafonds, et jusqu’aux embrasures des portes et des fenêtres. C’est une sorte de mise en BD des écritures. C’est magnifique ! Dans l’église ce sont principalement des scènes de la vie de Jésus ou de la vierge ; mais dans le narthex, donc la pièce juste avant d’entrer dans l’église, ce sont des scènes en relation avec nos lectures du jour : des hommes et des femmes persécutés, jetés dans un lac, cuits à la casserole, crucifiés la tête en bas, lapidés, décapités, et même chatouillés à mort ! Tous ont des nimbes qui suivent leurs têtes. On peut se dire que Saint Aubain y aurait sa place… Graphiquement, c’est naïf et beau.


Ce qui frappe, quand on s’y attarde, c’est l’imagination débordante des hommes pour persécuter leurs semblables ! Comment est-il possible d’en arriver à de telles atrocités ? Deuxième étonnement : le regard et l’attitude des suppliciés : ils ont l’air heureux; certains sont même souriants. Comment est-il possible que les martyrs soient ainsi « réjouis » ? Troisième étonnement : Mais pourquoi couvrir les murs d’entrée des églises avec des scènes pareilles de martyr(e)s ?


Martyrs de la foi, Suceava, Roumanie - ©IHA 2017

Dans la langue orale, on a du mal à distinguer martyre et martyr.


Il y a le martyre avec « e » : l’acte de martyriser, maltraiter, tourmenter quelqu’un en raison de ses convictions, de sa foi, et ce parfois jusqu’à la mort. C’est injustifiable, inacceptable, condamnable. Nous nous émouvons, nous déplorons, nous réagissons, nous manifestons, nous militons. Nous n’oublions pas qu’il y a eu et qu’il y a encore de grandes persécutions de personnes ou peuples entiers au nom de leur foi. Autour de nous, il y a aussi des petites souffrances quotidiennes infligées au nom de la foi, comme l’interdiction du port de signe extérieur de religion (une petite croix autour du cou), les railleries face à la foi (auxquelles on n’ose pas répondre), les règles de consommation alimentaire… Grands et petits martyres, mais martyre quand même pour celui qui en est affecté, qui en souffre. Y sommes-nous attentifs ?


Il y a aussi le martyr sans « e », le mot qui désigne justement celui ou celle qui est victime, mais pas que... « Martyr » dérive du grec ancien « martur » qui signifie « témoin ». Le martyr témoigne courageusement de sa foi. En paroles et en actes. Un must pour un chrétien ! Il trouve sa confiance en Dieu et son souffle par l’esprit. « Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 20). C’est pour cela que les martyrs sourient sur les fresques : ils sont habités par leur foi au-delà de la souffrance et ils en témoignent. « Vivre en hommes religieux dans le Christ Jésus » (2 Tim 3, 12). Où en sommes-nous du témoignage de notre foi au monde ? Du côté des courageux ? Du côté des patients ? Des charitables ? Des persévérants ?


Un mot sur le sens des fresques dans le narthex, mon 3e étonnement : en entrant, le cortège des saints martyrs vous accueille et vous regarde ; leur courage et leur foi se montrent, s’exhibe, à vous. Comment ne pouvons-nous pas penser à leur exemple quand on entre dans l’église pour prier ou y recevoir l’eucharistie ? Que l’on soit seul, en communauté, en église ? Les saints martyrs, on les voit aussi en sortant. Ils nous suivent du regard. Ils nous accompagnent, nous qui sommes envoyés à vivre en témoins courageux, avec la force de l’Esprit…


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