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Partager, c'est multiplier (Mt 15, 29-37)


Le chou romanesco, un exemple de fractales, un flocon de Koch en trois dimensions. - ©DR

Dans notre tête, ce 6 décembre, il est question du Grand Saint Nicolas, patron des écoliers et des enfants sages… Un grand saint pour un grand jour et, pour beaucoup, un jour de grande joie !


Dans les lectures du jour, il n’est pas question de chocolat ou de massepain ou de spéculoos. Mais il est question de fête, de joie, de confiance, d'espérance...


Le passage d'Isaïe (Is 25, 6-10a) évoque une grande fête à venir dans laquelle Dieu se révèlera à tous. Le repas sera un festin somptueux. Dieu instaurera une paix éternelle. Le peuple sera en joie. La relation entre Dieu et son peuple sera renouvelée et confiante, les larmes essuyées sur tous les visages.


L’évangile de Matthieu (Mt 15, 29-37) nous raconte la (bien connue) multiplication des pains. Cela se déroule aussi sur une montagne, un lieu où Dieu est présent. Les infirmes sont guéris. Le repas est, ici, simple : sept pains et des poissons. Ils sont rompus, distribués aux disciples et à tous. La foule rend grâce à Dieu.


 

Il y a quelques jours, je rendais visite à Maman et, comme souvent, nous discutions d’un sujet qui nous est cher : l’enseignement et l’éducation. « Partager, c’est multiplier », dit Charles, mon beau père, qui suivait la conversation de loin. Il continue : « Partager le savoir, c’est multiplier le savoir », « Partager la recherche, c’est multiplier la recherche ». Il parlait de formation d'enseignants et de pédagogie participative.


Partager le savoir, partager la recherche, je comprends très bien ce que cela veut dire : la « dissémination [1] » des découvertes et des avancées de la science, est au cœur du projet de développement de la société, un projet cher à l'Europe ! C’est un chemin incontournable vers la démocratie, la liberté, la paix, la réduction des fractures sociales, l’égalité.


Partager le savoir, pour un chercheur, ce n’est pas - et pourtant beaucoup le soutiennent encore - une compétition pour être reconnu ou pour obtenir un Prix Nobel. Ce n'est pas non plus devenir une vedette s'exprimant à la télé sur des questions d’actualité. C’est « la moindre des choses » pour quelqu'un présent à la société - à tous dans la société. C’est porter à la compréhension de tous, du plus jeune au plus âgé, du moins instruit à l’érudit, ce qu'on a découvert, ce qu’on observe de notre environnement, comment on l’exprime – même avec des équations mathématiques compliquées -. C'est faire comprendre ce qui fait notre société, ce qui permet de faire évoluer le monde dans lequel on vit pour envisager l’avenir de manière sereine et responsable. C'est de l'éthique professionnelle ! Et c'est un vrai défi !


Si on parlait de « partage et de multiplication de la connaissance » au lieu de « communication, publication, dissémination de savoir », on en aurait fini avec la position du mentor tout puissant pour entamer un chemin sur lequel chacun avancerait vers l’autre d'égal à égal - un chemin de co-apprentissage, de co-responsabilité, dans la confiance réciproque - , quel que soit son niveau d’éducation, quelle que soit son expérience de vie. Chacun serait en quelque sorte « multiplicateur de ce qu’il a reçu ». C'est de cela dont parlait Charles...


Je ne vous raconte pas cela pour vous parler de mes soirées familiales. N’est-ce pas un peu de cela dont parle l’évangile du jour ? Qui que l'on soit, s’approcher avec humilité de celui qui détient la connaissance, en se reconnaissant infirme (estropié, boiteux, aveugle, muet), une personne qui ne sait pas grand-chose. S’ouvrir à lui avec confiance. Partager avec d'autres ce qui est donné, multiplier ce qui nourrit, et repartir les yeux et les oreilles ouverts, prêts à raconter son expérience, à témoigner, à enrichir d'autres, à se laisser enrichir par d'autres.


Le chemin est ardu pour gravir la montagne du rift du Jourdain et rencontrer Dieu. Jésus l'a fait. La foule aussi. Elle dévale joyeusement la pente au retour, repue de liberté, de confiance, d’espérance, à cause de ce qu'elle a vécu, ce qu’elle a reçu, ce qu'elle a partagé, ce qu'elle a donné. Joyeuse et confiante parce que Jésus ne l'a pas laissée repartir sur le chemin le cœur et le ventre vides, et parce qu'elle s'en rend bien compte.


Qu'est-ce qui nous freine, qui nous empêche de partager notre expérience de foi, d'expliquer combien nous sommes redescendus joyeux de la montagne, titillés par la Parole, grisés par la fraternité et le partage ? Comment allons-nous partager cette bonne nouvelle [2] ? Comment allons-nous cultiver la confiance, la multiplier ?


La Parole nous accompagne et nous soutient pour cela. Notre communauté aussi.

 

[1] Traduction littérale du terme utilisé en anglais européen pour exprimer la responsabilité sociétale de la communication des résultats de la recherche scientifique

[2] Annoncer, partager la bonne nouvelle, se dit « évangéliser ».


 

Seigneur,

Comme les parents et les enfants qui partagent leur joie en ce jour,

Comme les pédagogues et les enseignants qui partagent le savoir au quotidien,

Comme les chercheurs qui partagent les découvertes avec tous dans la société,

Donne-nous de contribuer toujours à la paix, la liberté, l'égalité par le témoignage de la bonne nouvelle, la culture de notre foi, et le partage avec les autres.



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