La liturgie de ce 6 septembre nous donne à accueillir deux extraits du Nouveau Testament :
Paul et Timothée s’adressent aux Colossiens (Col 1, 1-18). « L’Évangile (qui) est parvenu jusqu’à vous, (lui qui) porte du fruit et progresse dans le monde entier, il fait de même chez vous, depuis le jour où vous avez reçu l’annonce et la pleine connaissance de la grâce de Dieu dans la vérité ; (…) Epaphras (…) nous a fait savoir de quel amour l’Esprit vous anime.»
L’Évangile de Luc (Lc 4, 38-44) nous relate qu’après l’histoire de guérison de la belle-mère de Simon, Jésus est retenu par les foules qui avaient d’autres malades à lui présenter. Jésus explique pourquoi il se retire : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. Il proclamait l’Évangile dans les synagogues du pays des juifs ».
Jésus proclamait l’Évangile… Les disciples annonçaient l’Évangile…
En grec, un mot pour « bonne nouvelle » : euangelion (εὐαγγέλιον), et son verbe dérivé euangelizō (εὐαγγελίζω) pour l’action d’annoncer ou proclamer une bonne nouvelle. Jamais, dans les actes des apôtres et dans les différentes lettres, il n’est écrit que les apôtres proclamaient l’Évangile, ni que Jésus annonçait l’Évangile.[1]
Une proclamation est souvent associée à une déclaration officielle, une annonce solennelle de quelque chose de significatif, de réjouissant. Jésus proclame. Il proclame la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.
Une annonce est un terme plus général qui désigne la communication d’une bonne nouvelle. Les disciples annoncent. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Y a-t-il une différence ? Sûrement ! C’est la différence entre celui qui est Christ, qui est Dieu, et celui qui est chrétien, qui suit le Christ, dissémine ses enseignements.
Annoncer l’Évangile, c’est évangéliser. « De même aussi, le Seigneur a prescrit à ceux qui annoncent l’Évangile de vivre de la proclamation de l’Évangile. » (1 Co 9, 14). Les disciples partagent activement et passionnément la foi chrétienne avec d’autres. Ils la vivent. Ils en vivent.
Le thème de l’évangélisation est un thème cher à notre pape François. Pour lui, à notre époque, « la Parole biblique n’a pas grand-chose à dire quand il s’agit de réfléchir sur des thèmes d’intérêt vital » comme la question du genre et de la diversité, l’ingénierie génétique, l’intelligence artificielle, le phénomène migratoire, l’environnement. « Il convient de revenir à la puissance de la parole originelle de Jésus-Christ, pas comme conseil spirituel, pieuse indication pratique, ou pire idéologie despotique »[2].
Comment évangéliser aujourd’hui ? A quel accueil la Parole de Dieu peut-elle prétendre ? Le pape propose deux choses : sortir : s’insérer dans la culture contemporaine en réhabilitant la créativité, la capacité d’interprétation de la vie de l’homme et la force opérante de la parole de Dieu ; le synode explore les pistes ; et témoigner : rendre le Christ visible aux autres par le témoignage : parole, vie, prière, partage, exemple, intercession.
Je cite François pour éclairer la question du témoignage et de l’annonce de l’Évangile :
« Annoncer l’Évangile, c’est transmettre à l’aide de mots sobres et précis le témoignage du Christ comme le firent les apôtres. C’est donner aux autres l’occasion de rencontrer et de goûter d’une manière ou d’une autre la tendresse de Dieu pour eux et sa miséricorde »[3].
« Annoncer l’Évangile, ce n’est pas transmettre une idéologie, une doctrine sur Dieu, non, c’est transmettre Dieu qui devient vie en moi »[4].
« Le baptême est suffisant pour annoncer l’Évangile. Si vous êtes un laïc baptisé, vous êtes déjà engagé. Il suffit de vivre avec les autres les choses les plus ordinaires de la vie quotidienne, de les suivre pas à pas, de demander à les accompagner en apprenant à cheminer à leur rythme. »[3]
« L’étonnement suscité par ce que le Seigneur réalise dans ses témoins précède habituellement l’annonce. »[3]
« Le chrétien est par nature missionnaire et témoin. »[5]
« Il n’y a pas de chrétien s’il ne sort pas de lui-même pour se mettre en marche et annoncer l’Évangile. »[6]
« Sans le Saint Esprit, nous pourrions peut-être faire la publicité pour l’Eglise, mais pas de l’évangélisation. »[4]
Que le Seigneur nous bénisse. Qu’il nous donne à tous et toutes la joie d’évangéliser et de faire avancer ce message d’amour qui nous rend heureux.
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Références : [1] Dans la traduction française de l'AELF, quand les évangélistes parlent de Jésus, ils utilisent le verbe « proclamer ». Une seule fois dans les évangiles, en (Lc 4, 43), Jésus dit lui-même « il faut que j'annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu car c'est pour cela que j'ai été envoyé ». Envoyé en mission, comme les apôtres, pour annoncer...
[2] Mgr Celestino Migliore (2021) - Evangélisation et promotion humaine. La conversion pastorale suivant le pape François. NRT 143-2 (2021) p. 246-255.
[3] Nicolas Senèze (2020) - L’Evangélisation selon François : les extraits du nouveau livre du pape : « Sans Jésus, nous ne pouvons rien faire », Rome, 7/1/2020
[4] Rapport de l’audience générale du 22/3/2023 : On ne peut pas évangéliser sans témoigner.
[5] Rapport de l’audience générale du 24/5/2023 : Le chrétien est par nature missionnaire et témoin.
[6] Rapport de l’audience générale du 12 avril 2023 : L’Évangile ne s’annonce pas en restant enfermé dans un bureau.
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