Sept maris ? Ciel !!! (Mc 12, 18-27)

Il est patient Jésus. J’admire ! Les Sadducéens, sont là, devant lui, tout riches, tout beaux, tout imbus de leur pouvoir, tout pointilleux sur les textes qu’ils prennent au premier degré. Ils sont là, venus pour poser à Jésus « la question qui tue » : une femme, veuve, sept frères, sept maris, tous décédés, et elle meurt aussi… Que va-t-il se passer quand ils ressusciteront ?

Pensée sauvage (Viola tricolor) - ©iHA 2021

Jésus prend le temps d’écouter leur histoire jusqu’au bout. J’adore sa réponse : non seulement il répond à la question de la résurrection, mais il leur balance une réflexion sur les anges, à eux qui ne croient ni à l’une ni aux autres : « Quand on ressuscite, on est comme les anges ». Jésus 1 – Sadducéens 0.

Et il va plus loin. Et c’est là qu’il est vraiment fort : il connaît très bien les textes du Pentateuque auxquels ils font référence. « Vous vous égarez complètement [1] », les amis !!! Vous contestez la résurrection en en appelant à la loi de Moïse [2] et en mettant en scène un exemple absurde de Madame Croque-maris ! Relisez vos textes ! Et Jésus reprend la même Loi de Moïse, pour démontrer que les Sadducéens ne l'ont pas comprise : si Dieu dit à Moïse, dans l’épisode du buisson ardent [3], qu’il est « le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob », c’est parce que « il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ». Jésus 2 – Sadducéens 0.

Mais il n’est pas question pour nous de compter les points… Comment comprendre ce que dit Jésus quand il affirme : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants » ?

Je vous rappelle, dans l’évangile de Jean (Jn 11, 1-44), l’épisode de la résurrection de Lazare. Jésus dit à Marthe : « Ton frère ressuscitera ». Elle répond « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ». Et Jésus lui dit : « Je suis la Résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt [4], vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26).

« Quiconque vit et croit en moi trépassera comme Lazare, mais il continuera à vivre devant Dieu », écrit Daniel Marguerat [5]. « Jésus corrige la foi de Marthe. Il la fait passer de la croyance en la résurrection future des morts à la foi en Celui qui est maintenant la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en lui retrouve une origine et un sens : le Christ le fait passer maintenant de la mort à la vie. Il trépassera mais ne mourra jamais. L’éternité commence aujourd’hui. Jésus ne supprime pas le trépas ; il déploie une vie possible face à la mort, une vie placée sous le signe de la promesse. Les croyants, associés à lui, sont passés d’une existence menacée et de l’absence de Dieu – la mort – à une vie que Dieu sauve de l’absurdité et du néant, à une vie que Dieu habite à l’instant du trépas et au-delà du trépas. (…) Le Christ invite à croire aujourd’hui en la vie que le trépas n’interrompt pas et qu’il appelle « vie éternelle » [6].

Et la question de Jésus est : « Crois-tu cela ? ». Crois-tu que l’antidote à la mort est l’intensité de la vie [7] : intensité d’une présence à Dieu, à soi, aux autres ? Crois-tu - croyons-nous - que la vie éternelle est une façon d’être avec Dieu ?

[1] Verset 27 [2] Dt 25, 5-6 – l’histoire d’épouser son beau-frère ; Gn 38, 8 – l’histoire d’épouser sa belle-sœur et lui donner un héritier [3] Ex 3,6 [4] Daniel Marguerat utilise le mot « trépas » pour distinguer la mort physique de la mort en Dieu (Vivre avec la mort. Le défi du nouveau testament, 2013, Ed. Cabédita, p. 53) [5] Marguerat, ibid. cit. [6] Marguerat, ibid. cit. [7] Réf. à Jn 10, 10 : « Moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu'elles l'aient en abondance. »