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Une belle paire d'as (Ac 12, 24 - 13, 5)

Devinette : Qui est l'as de trèfle, qui est l'as de coeur ? La réponse est facile !

Nous voici cheminant depuis plusieurs semaines après Pâques, et que d’événements ! On a eu des bons moments en famille, une overdose de chocolat, la finale de The Voice Belgium, le jogging des femmes à Liège, l’effervescence internationale dans les lieux habituellement tranquilles, le retour du froid et de larges sourires…


Nous avons en mémoire aussi des événements terribles qui se sont passés. Je ne parle pas des guerres ni de l’actualité nationale ou internationale, mais de ce nous avons entendu ici, au jour le jour, par morceaux : après la mort de Jésus, la lapidation d’Etienne (Ac 6), l’exécution de Jacques (Ac 12), « la rage meurtrière »  de Saul (Ac 9), les persécutions d'Hérode (Ac 12), l’arrestation de Pierre (Ac 12), la peur, la fuite, …


Luc a relaté tout cela, dans les Actes de Apôtres. Il y a raconté, et c’est peut-être le plus important, l’établissement et le développement de l’église chrétienne au sein du peuple juif. Dans ce contexte-là, « la Parole de Dieu était féconde et se multipliait » (Ac 12, 24), dit-il. Incroyable ! « Il est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu », disent Pierre et Jean (Ac 4, 20). « Allez dans le monde entier, proclamez l’évangile à toute la création », dit Jésus (Mc 6, 15).


Les apôtres sont restés à Jérusalem où se constitue l’Eglise-mère, l’Eglise-première pourrait-on dire. Les frères ont fui et se sont rassemblés en Syrie.  « Allez dans le monde entier, proclamez l’évangile » (Mc 6, 15). C’est de là, d'Antioche, qu’ils vont partir annoncer la Bonne Nouvelle.


Quelle "bonne nouvelle" (évangile veut dire bonne nouvelle) ? LA bonne nouvelle, c’est l’Evangile avec un grand E qui nous l’apprend. Depuis un bon moment, aux offices de midi, on passe d’un évangéliste à l’autre pour nous présenter cette bonne nouvelle : Jésus se montre à ceux qui croient. Il est fils de Dieu. Il nous montre le Père. Il est le bon pasteur, il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Il est la lumière, la lumière du monde, il éclaire les ténèbres. Il n’est pas venu pour juger le monde, mais le sauver : réhabiliter l’Amour inconditionnel, apporter la fraternité, la vie…


La liturgie du jour nous propose deux lectures : Un extrait de l’évangile de Jean où on nous redit cette Bonne Nouvelle, et un extrait des Actes des Apôtres qui referme un chapitre (le 12e) et en ouvre un autre (le 13e) ou plutôt des autres, eux consacrés à Paul. « Allez dans le monde entier, proclamez la bonne nouvelle ».


 

Revenons à Antioche : c'était une grande ville, en ce temps-là. La 3e par ordre d’importance après Rome et Alexandrie. Carrefour commercial et culturel. 300.000 habitants - c’est beaucoup pour l’époque. Elle est bien située sur les rives de l’Oronte, à 450 km au Nord de Jérusalem, pas loin de la mer. En Syrie en ce temps-là, dans le Sud de la Turquie aujourd’hui - là où il y a eu le terrible tremblement de terre en 2023. 


Et c’est là qu’arrivent Barnabé et Saul de retour de Jérusalem et que commence notre texte.


« En ce temps-là la parole de Dieu était féconde et se multipliait » (Ac 12, 24). La Parole se multipliait, force agissante et créatrice. Créatrice de la communauté croyante. En pleine croissance.


L’église d’Antioche au 1er siècle est multi-ethnique. Le texte nous le dit, entre les lignes : Barnabé est lévite, chypriote, juif de naissance, Syméon est juif aussi et si on l’appelle « Le Noir » c’est sans doute qu’il est noir…, Lucius vient de Cyrène, en Lybie, et Manahène est un compagnon d’enfance de Hérode Antipas, celui qui a fait trancher la tête de Jean-Baptiste. Et puis il y a Saul, ce juif pharisien, converti, plutôt du genre religieux pur et dur. (Saul, c’est Paul, mais Luc ne l’appelle pas encore ainsi dans les Actes).


Et ces hommes de tous poils et de toutes plumes, travaillent ensemble, unis par le Saint-Esprit. Ils interprètent la tradition et les Ecritures (ce sont des enseignants), ils confrontent les croyants à la volonté du Christ (ce sont des prophètes).


Le texte nous décrit deux scènes, marquées toutes deux par la prière et le jeûne (le jeûne, ça rend disponible à Dieu ; la prière, ça permet de se mettre à son écoute).


1ère scène : L’Esprit Saint parle à la communauté réunie pour le culte : « Mettez à part pour moi Barnabé et Saul ». Barnabé et Saul : deux, comme l'a ordonné Jésus (Lc 10, 1) et comme le font d’habitude les premiers chrétiens (Les deux font la paire). « Mettez-les à part en vue de l’oeuvre à laquelle ils sont appelés ». L'oeuvre en question, c'est l’évangélisation des nations (dans l'Evangile, les nations, ce sont les non-juifs, les païens). Notez bien que la phrase dit qu'ils sont d’abord appelés par Dieu, puis mis à part en vue de son œuvre. Daniel Marguerat insiste : « Dieu précède son Eglise et conduit à découvrir son dessein en y participant » (Les Actes des Apôtres 13-28, Labor, 2024).


2e scène : Les croyants d’Antioche jeûnent, prient, imposent les mains sur Barnabé et Saul et les laissent partir. Imposer les mains sur quelqu'un, c’est l'installer dans un service communautaire que Dieu lui confie, c’est transmettre la bénédiction.


Go ! Ils partent pour Séleucie, à 22km, au bord de la mer et de là, bateau direction Chypre. L'aventure de notre paire d'as commence… A Chypre, ils enseignent d’abord dans les synagogues (Ac 13, 4). « Le juif d’abord, puis le grec », c’est la stratégie de Paul. Puis... on découvrira la suite de l’histoire à partir de demain (ou plutôt d'après-demain, parce que demain, on fête Saint Marc).


Je termine en vous livrant les perspectives théologiques que donne Daniel Marguerat de ce texte dans son commentaire des Actes :  « L’événement  peut paraître anecdotique, mais il faut savoir que la stratégie missionnaire de Paul va changer la face du monde et de l’Eglise en s’orientant vers les non-juifs. Ce n’est pas une décision individuelle de Paul, mais une décision de l’Eglise d’Antioche guidée par l’Esprit. Retenons que l’appel divin précède, et que l’Eglise ratifie. C’est la  poussée de l’Esprit et la structure communautaire qui ouvre à cette impulsion et la prend en charge. Le propre de l’Eglise est d’être ce lieu perméable aux initiatives de Dieu. L’œuvre à laquelle Barnabé et Saul sont appelés est ouverte : Dieu ne formate pas les siens en dictant le programme ; la liberté du témoin est requise pour interpréter et construire sa réponse à l’appel. »


 

Prière

Seigneur, tu nous as appelés à ton service.  C’est poussé par l’Esprit que nous allons. Donne-nous la force de profiter de la liberté que tu nous donnes pour interpréter et construire chaque jour la réponse à cet appel. Avec ce que nous sommes.

Donne à notre Eglise d’être toujours soutenante de tes initiatives, de les considérer avant les siennes, et d' imposer les mains sur tous, qui que nous soyons, d’où que nous venions. Amen.


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1 Comment


Guest
Apr 25

J'aime beaucoup les actes des apôtres.C'est extraordinaire de voir comment le christianisme s'est répandu à l'extérieur de la Palestine malgré les difficultés.

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