Être parfait (Mt 5, 43-38)
- Isabelle Halleux
- 4 mars 2023
- 3 min de lecture
En ce début de semaine, j'ai eu la grande joie de partager quelques jours avec mes petits-enfants. Au programme de mardi : visite du musée Ludwig à Cologne, choisi par Céleste (8 ans) qui va au cours de dessin et s'est trouvée une passion pour l'art contemporain. Je ne sais plus comment notre conversation a commencé dans la voiture, mais...
« Tu vois », me dit-elle, « on nous dit qu'il faut être parfait, qu'on ne peut pas faire de péché, qu'on doit pardonner à ceux qui nous font du mal, et patati et patata… Moi ça me met la pression et je crois que je n'y arriverai pas... Alors je préfère dire au Seigneur que je regrette mais que ce n'est pas possible pour moi de vivre ainsi. Alors, je ne veux pas faire ma première communion, c’est plus cohérent. Et ça pose problème à mes parents. »
Puisque les liens étaient évidents avec l'évangile de Matthieu (Mt 5 43-48), je le lui ai raconté. Zoé (10 ans) a piqué du nez dans son livre, et Mathias (5 ans) qui jouait à l’avion de chasse s’est tu.
J’ai expliqué que « être parfait » ne signifie pas être irréprochable ou sans défaut : c'est chercher à toujours s'améliorer dans sa relation avec les autres et avec Dieu, comme Jésus nous l'a dit dans son Sermon sur la Montagne. C'est ça être « fils (ou fille) de Dieu ». On peut dire « qu’on s’accomplit dans son humanité par son amour pour les autres ». Jésus est accompli à 100 %. Il est parfait comme son Père est parfait. Un modèle pour nous.
J'ai aussi expliqué que « saluer ceux qui ne sont pas ses frères », ses amis, ce n'est pas qu'une question de politesse, mais c'est une question d'accueil vrai de l'autre. Le mot grec qui a été utilisé par les apôtres veut dire aussi « embrasser ». A Liège, on sait ça, on fait ça : on embrasse tout le monde ! Pense-t-on que c’est un signe d'accueil de l'autre comme il est ? Et cela nous apporte-t-il la paix et la joie ? Jésus nous encourage à être aimables et bienveillants envers tous, sans exception, même si on a des émotions complexes en les saluant.
« Et si tu n’as pas envie de pardonner ? », me demande Zoé.
Alors, il faut être patient, trouver la paix en toi et ça viendra. Tu parles à Dieu de tes émotions, de tes pensées, de ta colère même. Tu peux lui demander de l'aide ou de la force. C’est ça, prier ! Dieu t'écoute toujours. Cela peut produire un changement dans ton cœur et dans ton attitude envers ceux qui te font du mal. Cela peut t'aider aussi à les voir sous un autre angle, et à être prête à te réconcilier. Cela peut aussi parfois aider les autres à réfléchir à votre relation, rien que parce que tu les respectes mieux…
Vous savez ce que faisait Nelson Mandela quand il était en prison ? Dans son autobiographie, il écrit qu'il a prié pour ses geôliers et pour ses ennemis politiques, malgré les tortures et les mauvais traitements qu'il a subis. Il a trouvé en paix. « Comme Gandhi », ajoute Mathias qui sort de son silence.
Et la conversation est partie sur Mandela, sur l’apartheid, sur Gandhi… et sur l’intérêt de tenir un journal intime pour écrire son autobiographie !
A la sortie du musée, nous sommes repassés à la cathédrale juste à côté, et j'ai laissé Mathias les mains jointes dans une petite chapelle latérale. Il m'a rejointe quelques minutes après, en disant : « J'ai été dire une petite prière pour ceux qui m'agacent ».
Profitons de la fraîcheur des enfants pour nous rappeler que le chemin de carême passe par l’amour et par des « petites prières pour ceux qui nous agacent ».

« Cher Dieu, aide-nous à voir les autres comme tu les vois : avec amour et gentillesse. Nous voulons suivre ton exemple et être des amis pour tous ceux que nous rencontrons. Aide-nous à être des lumières pour les autres, à répandre ton amour et ta paix partout où nous allons. Merci pour ton amour envers nous. Au nom de Jésus, avec le Saint Esprit. Amen » (Zoé)
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